Une année sous le signe des projets de terrain et de la formation !

Cette année scolaire 2022-2023 apparaît comme l’année de la maturité pour la cellule Bâti et Espaces d’Apprentissage. Créée début 2020, et malgré deux années de démarrage difficiles liées à la pandémie, cette cellule pionnière a progressivement développé un ensemble d’activités et de partenariats pour accompagner et encourager la transformation des espaces d’apprentissage dans le 1^er et le 2^nd degré au sein de l’académie de Lyon.

A quoi s’est consacrée l’équipe BEA durant cette année scolaire ? Tout d’abord, à l’accompagnement de plusieurs projets au sein de collèges et de lycées, dont nous vous donnons ici un aperçu.

Accompagner des projets pour une transformation concrète des espaces d’apprentissage

Dans le cadre du partenariat engagé depuis 2022 avec le Conseil départemental de la Loire, les collèges Jules Vallès (Saint-Etienne) et Pierre et Marie Curie (La Talaudière) bénéficient d’un appui au cadrage de leur projet. Dans le premier cas, il s’agit d’accompagner la réflexion globale à l’échelle d’une cité scolaire (école et restructuration du collège). Outre les orientations habituelles de toute restructuration (qualité des espaces pédagogiques, des différents espaces de travail, capacité d’extension des bâtiments, évolutivité des espaces…), le Département souhaite mener une réflexion sur les aspects novateurs de la pédagogie et des différents espaces. La dimension numérique forte est également réaffirmée. Un premier temps d’écoute mené par la cellule BEA a permis d’inscrire les enjeux du collège dans un projet plus global. Puis au fil du second semestre, plusieurs actions de développement des compétences ont été menées pour enrichir le projet et engager l’accompagnement à la transformation des pratiques professionnelles.

Zoom sur l’accompagnement du collège Jules Vallès : la mise en place d’une salle Lab d’expérimentation pédagogique comme préalable à un projet global de restructuration du collège

● Mise en place d’un parcours « Collectif et Territoires Apprenants » sur 3 ans dans le cadre de l’EAFC de Lyon. La méthodologie de la cellule BEA est de travailler en équipe intercatégorielle autour des valeurs piliers du projet, avant même de concevoir la transformation des espaces. Cela s’effectue lors d’un premier module de co-construction du parcours de formation. Cela aide à une bonne intégration du projet de transformation des espaces dans le projet pédagogique global de l’établissement, afin qu’il soit partagé par toute la communauté éducative et piloté activement par le chef d’établissement. La présence de représentants de la collectivité territoriale a permis de soutenir les logiques de compromis sur la faisabilité des aménagements et à insuffler une logique d’expérimentation. La collectivité de son côté perçoit davantage, à l’issue de ces temps de travail, l’intérêt d’entrer dans une démarche de concertation avec les usagers pour éviter de devoir remodifier a posteriori.

● Des visites de découverte et d’inspiration ont eu lieu au Lycée La Martinière Duchère (Lyon) et au Collège Jean-Philippe Rameau (Champagne au Mont d’Or) pour partager des retours d’expériences et découvrir des usages, des aménagements et du mobilier inspirants. Un partage d’expérience à également eu lieu à l’échelle du territoire local avec la visite du collège Ennemond Richard (Saint-Chamond), équipé d’une salle Lab. Cela permet la création d’une logique et d’une dynamique territoriales d’expérimentation et de réseau.

● Suite à ces deux modules de formation animés par des chargés de mission BEA, un module de transférabilité a permis aux équipes de construire leur projet de création d’une salle Lab en s’appuyant sur un cahier des charges fourni par la cellule. Ce projet a ensuite été présenté aux représentants de la collectivité, qui a pu à cette occasion réaffirmer la proposition faite lors du démarrage de la démarche, à savoir la livraison d’une salle d’expérimentation pédagogique en début d’année scolaire 2023-2024.

● Des actions complémentaires d’accompagnement du projet sur son volet numérique (appropriation des équipements et développement des usages pédagogiques) vont être mis en place à la rentrée par l’équipe de la DANE de Lyon.

Aider à faire mûrir et enrichir des réflexions sur les espaces scolaires au sein des équipes

Plusieurs collèges et lycées ont également bénéficié d’interventions ponctuelles pour nourrir des réflexions émergentes. Il s’agit dans ces cas d’aider à faire progressivement mûrir et partager des besoins au sein des équipes avant d’engager un projet à proprement parler. L’enjeu est souvent de partir d’une « simple » demande d’aménagement pour aller vers un véritable projet dont les finalités pédagogiques et éducatives sont amplifiées et davantage étayées.

L’appel à projet « Notre Ecole faisons là ensemble ! » (NEFLE) a amené plusieurs établissements à solliciter la cellule BEA pour les aider à formaliser leur dossier. La cellule a ainsi accompagné le Lycée La Martinière Duchère (Lyon) et le collège Jean de Tournes (Lyon). A La Martinière Duchère, le projet s’est concentré autour de l’aménagement de deux espaces dans le cadre du projet Made In STMG : une « salle d’expressivité orale » et un « espace de coworking ». A Jean de Tournes, dans le prolongement de l’accompagnement à la restructuration de l’établissement réalisé par la cellule BEA les années précédentes, le projet s’est orienté vers l’aménagement de trois espaces : une salle à destination d’un projet de classe de cycles ; une ouverture de la salle ULIS sous la forme d’un tiers-lieu ; l’aménagement d’un espace agora dans les espaces extérieurs. Pour les deux établissements, ces dossiers ont donné lieu abouti à des financements conséquents accordés par l’académie au titre de ces projets jugés porteurs d’innovation. Le lycée La Mâche (Lyon) a également bénéficié d’un appui, en accord avec le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, pour repositionner le projet de rénovation d’un bâtiment d’enseignement général de 4 étages.  En concertation avec le cabinet Arpèges programmiste, missionné par l’établissement, la cellule BEA a organisé un hackathon d’une journée avec les équipes du lycée. L’objectif était de faire émerger des scénarios pour orienter le travail du programmiste et la réalisation d’un schéma fonctionnel. L’enjeu était ici de permettre aux usagers de s’emparer du programme de restructuration et d’inscrire dès la genèse du projet des intentions pédagogiques fortes et structurantes pour repenser de manière systémique un bâtiment d’apprentissage. Une autre dimension, fortement intégrée à l’occasion de ce travail, était en outre de mieux prendre en compte les enjeux d’amélioration des conditions d’apprentissage pour les élèves et les personnels.

Zoom sur l’accompagnement du lycée La Mâche : enrichir le projet de réhabilitation d’un bâtiment d’enseignemen

Le projet consiste à opérer la réhabilitation fonctionnelle globale de l’ensemble de l’établissement. Le hackathon animé à l’automne 2022 a permis de travailler avec des représentants de toutes les catégories de l’établissement (vie scolaire, personnels de direction, lycéens de la voie générale et de la voie professionnelle, enseignants…) afin de produire des scenarios « Designés » des différents espaces à réaménager sur les quatre étages du bâtiment d’enseignement général.

Pour cela, la cellule BEA a fait appel au programmiste retenu par l’établissement afin qu’il puisse expliciter la logique du schéma fonctionnel aux équipes et présenter le scenario zéro, c’est-à-dire la typologie de base des espaces nécessaires au fonctionnement de l’établissement et les liens fonctionnels entre ces espaces. Le travail de la journée a ensuite a consisté à demander aux différentes équipes de travailler à d’autres scenarios possibles, en créant des interrelations entre les espaces en fonction de leurs nouveaux besoins pédagogiques, organisationnels, de la localisation des espaces dans les bâtiments et des surfaces nécessaires.

Dans l’Ain, c’est au collège Emile Cizain (Montluel) que la cellule BEA intervient en concertation avec le conseil départemental. L’équipe pédagogique porte en effet un projet d’aménagement concernant deux espaces : un espace Lab multi-usages à créer et une cour de récréation à rénover pour la rendre plus confortable pour les élèves et pour y développer des activités d’apprentissage.

Zoom sur l’accompagnement du collège Emile Cizain : développer des espaces multi-usages pédagogiques et améliorer le confort des élèves dans la cour de récréation

En amont de la formalisation du projet, les acteurs de l’établissement ont exprimé le besoin de comprendre la logique d’accompagnement de la collectivité de tutelle en vue de répondre au mieux aux contraintes et attentes de chacun et en évitant que les référentiels soient l’objet d’un bras de fer. A des fins de médiation, la cellule BEA a proposé aux usagers un webinaire pour s’acculturer aux logiques décisionnelles des collectivités territoriales. Un second webinaire mobilisant des outils de design thinking a permis d’accompagner l’équipe de l’établissement dans une évolution de leurs représentations des espaces de travail, des gestes professionnels et des dispositifs pédagogiques existant et imaginables. Ces deux premiers apports ont été complété par une visite d’inspiration.

Puis un temps fort d’une demi-journée, de type hackathon, a été organisé et animé. Appuyé sur une approche intercatégorielle, il a permis aux enseignants de travailler avec des élèves dans le cadre de deux groupes de travail. Deux propositions de plans d’aménagement ont ainsi été établis pour une salle type Lab et de la cour de récréation. Le projet est en cette fin d’année scolaire en cours d’écriture.

Dans le cadre de ses interventions, la cellule BEA s’attache à favoriser la participation de l’ensemble des usagers et en particulier à solliciter les élèves. Cette orientation s’est par exemple illustrée à l’occasion de l’accompagnement de deux collèges souhaitant répondre à l’appel à projet « Un budget participatif pour donner la parole aux collégiens » initié par la Métropole de Lyon.

La cellule a ainsi accompagné le collège Lucie Aubrac (Givors) et le collège Jean de Tournes (Fontaines sur Saône). Au collège Lucie Aubrac, un groupe de dix collégiens encadrés par leur professeur documentaliste a été accueilli par des lycéens de l’établissement voisin Pablo Picasso au sein du fablab « la Ventil ». Au programme, un défi : penser l’aménagement du hall de leur collège. Trois équipes se sont constituées et mutuellement challengées pour élaborer un projet. Au collège Jean de Tournes, il s’agissait de réfléchir à l’espace de la cour de récréation. Là, ce sont six équipes qui se sont mobilisées pour proposer un projet argumenté. L’enjeu de cet accompagnement était de permettre aux élèves d’exprimer leurs besoins et de les traduire dans un espace. Ce faisant, il s’agissait également de faire appel à leur expertise d’usage, de les sensibiliser à la gestion d’un budget (potentiel de 40 K€ à dépenser), et de leur apprendre à rendre compte du projet aux décideurs. Un bel exercice de démocratie participative puisque cette opération s’est poursuivie par l’organisation d’un vote de l’ensemble de la communauté éducative (élèves, parents, professeurs, agents).

Et les écoles dans tout ça ?

La cellule BEA a vocation à intervenir tout autant dans le 1^er degré que dans le 2^nd degré. Elle a d’ailleurs accompagné un ambitieux projet à l’échelle d’une école primaire située à Chaponost en 2021 et est en lien avec le réseau des classes flexibles réunissant plusieurs écoles de la métropole lyonnaise.

Jusqu’à présent, les sollicitations ont davantage émané d’établissements du 2^nd degré. Mais plusieurs projets émergent dans le cadre de l’appel à projet national Notre Ecole Faisons La Ensemble (NEFLE).

Il y a donc fort à parier que, selon les résultats à venir de la commission académique pour décider des projets retenus, la cellule BEA soit amenée à s’impliquer auprès d’une ou plusieurs écoles l’année prochaine. Les enseignants et formateurs du 1^er degré peuvent par ailleurs d’ores et déjà s’inscrire dans les parcours de formation proposés par l’EAFC de Lyon.

Structurer une offre de formation pour accompagner le développement professionnel des acteurs

Depuis septembre 2022, la cellule BEA travaille en effet étroitement avec l’Ecole Académique de la Formation Continue de Lyon pour créer et structurer une offre de formation autour de la thématique des espaces d’apprentissage et des enjeux du bâti scolaire. Deux types de parcours ont été créés et sont progressivement déployés.

Le premier parcours correspond à une démarche de « Collectif et Territoire Apprenant » (CTA). A la demande d’un établissement, il donne la possibilité de proposer à une équipe locale, sur une durée de 12 à 18 mois, différents modules de co-construction de leur projet, des apports théoriques et scientifiques, des temps d’échanges avec la collectivité territoriale pour étudier la faisabilité technique et financière, des dispositifs de consultation des élèves et des parties prenantes…

Le second parcours, encore expérimental, s’adresse à des professionnels souhaitant se former de manière plus individuelle aux enjeux de la transformation des espaces d’apprentissage. Par ailleurs, un parcours de formation de formateurs sera développé sur l’année à venir en partenariat avec l’Institut Français de l’Education – ENS de Lyon. Ce parcours s’adressera en particulier aux formateurs académiques et aux corps d’inspection afin d’amplifier les capacités d’accompagnement des projets et des établissements.

Proposer des temps de rencontre dans le cadre d’une animation de réseau académique

Les nombreuses interventions de terrain des membres de la cellule BEA se combinent avec des actions organisées à l’échelle académique pour acculturer les acteurs de terrain, mais aussi les personnels de direction, d’inspection et de formation aux enjeux des espaces d’apprentissage.

Plusieurs outils de communication et d’animation ont été mis en place et consolidés durant cette année : une lettre d’information bimestrielle – la BEA@ctu -, une présence active sur les réseaux sociaux Twitter et LinkedIn, mais aussi le point d’orgue que constitue le séminaire académique annuel « Terrains d’apprentissage ».

Organisée en novembre à l’Institut Français de l’Education de l’ENS de Lyon, l’édition 2022 de ce séminaire a porté sur les différents types d’accompagnement liés à la transformation des espaces d’apprentissage : les besoins et les dispositifs existant en termes d’acculturation, de formation et de conduite du changement ont ainsi été évoqués pendant une journée en présence de nombreux acteurs, ainsi que des cellules Bâti scolaire des académies de Créteil et de Versailles et de la cellule ministérielle.

Collaborer avec la cellule nationale Bâti scolaire du ministère de l’éducation nationale

La cellule BEA s’investit avant tout au service des acteurs et des établissements de l’académie de Lyon mais valorise également son expérience et ses expertises au profit du ministère. Engagée dans la démarche « Bâtir l’école ensemble », la cellule nationale dédiée au Bâti scolaire a ainsi régulièrement fait appel aux membres de la cellule BEA pour travailler sur différentes thématiques : les internats, les lycées professionnels, les espaces dédiés à l’art et à la culture, les enjeux de végétalisation des espaces d’apprentissage, etc.

De belles perspectives pour l’année prochaine

La cellule BEA est désormais installée comme point d’entrée des questions liées au bâti scolaire et aux projets de transformation des espaces d’apprentissage au sein de l’académie. Elle s’attache maintenant à consolider ses méthodes d’intervention, à diversifier ses champs d’expertise et à développer l’essaimage sur ces thématiques au sein de l’académie de Lyon.

Dans la perspective de l’année à venir, l’accompagnement de projets en établissement se poursuivra de façon ciblée, en tenant compte des moyens humains disponibles.

Les parcours de formation continueront à se déployer au sein de l’EAFC de Lyon, avec de nouveaux modules disciplinaires et thématiques. Il est également envisagé de développer une offre en formation initiale des enseignants et des personnels de vie scolaire. Des contacts avec l’INSPÉ de Lyon et les corps d’inspection concernés permettent d’ores et déjà d’engager la réflexion.

L’année prochaine verra également la poursuite et l’amplification des collaborations avec la recherche, et également un investissement renforcé sur les questions d’évaluation des effets de la transformation des espaces d’apprentissage.

Pour clore cette année très riche en rencontres et en projets, il nous faut remercier Hervé Felgerolles qui transmettra à la rentrée sa mission de référent Bâti scolaire de l’académie de Lyon. Présent depuis la création de la cellule, il a apporté son expérience d’enseignant, de chef d’établissement, de délégué adjoint au numérique éducatif et de responsable du département numérique de l’EAFC de Lyon. Nul doute que son prochain établissement bénéficiera de ses nombreuses compétences pour développer des espaces propices aux apprentissages, au bien-être et à l’amélioration des conditions de vie et de travail pour tous les élèves et personnels !