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Nudges, trucs et astuces : atelier de fabrication pour améliorer la gestion des flux en établissement

Cet article restitue le déroulement d’un atelier réalisé le 20 novembre 2024 dans le cadre du séminaire annuel Terrains d’apprentissage organisé par la cellule Bâti et Espaces d’Apprentissage. Il a été animé par Emmanuelle Mussi, professeure-documentaliste au lycée Germaine Tillion de Sain-Bel et par Jean-Luc Martinez, professeur des écoles et chargé de mission à la DRANE de Lyon.

Atelier 20/11/2024 © BEA

L’enjeu de cet atelier était de sensibiliser les participants à l’intérêt des nudges éducatifs tout en leur donnant l’opportunité d’expérimenter la méthode de création de ces outils d’aménagement des espaces scolaires. En s’inspirant de ce que l’on peut observer dans divers espaces publics (gares par exemple), les animateurs ont proposé de s’inspirer de l’analyse des flux pour travailler sur la signalétique en vue de développer la mobilité active et de favoriser les comportements d’apprentissage en établissement scolaire.

Comment et pourquoi « nudger » ?

Concevoir un nudge, c’est tout d’abord s’inscrire dans une démarche design, c’est-à-dire une démarche collective, itérative, et visant à résoudre un problème. Similaire à la démarche d’UX (User eXperience) destinée en premier lieu à créer des interfaces utilisateur ergonomiques, cette méthode combine production, puis expérimentation, et enfin observation des effets de l’outil.

Un nudge naît de la nécessité de changer un comportement d’usagers d’espaces publics. Ce changement doit profiter à tou.te.s et ne pas servir un intérêt personnel. Il doit défendre une valeur collective sans volonté de « manipuler ».

Les caractéristiques du nudge, qui signifie littéralement « coup de pouce » voire « coup de foudre », sont d’être situés dans l’espace public, d’être parfois éphémère et de répondre à trois critères :


Make me easy :  La facilité d’accès au nudge est capitale : il faut qu’il soit proposé au bon endroit, au bon moment !

Ce type de stickers encourage les usagers a réduire leur consommation électrique. Origine non identifiée.


No risk, no pain : La compréhension du nudge est immédiate, intuitive : elle ne suppose aucun effort de la part de l’utilisateur ciblé.

Ces cendriers de rue encouragent les fumeurs à voter pour le meilleur joueur de football avec leur mégot. Campagne Neat Streets de l’association caritative de développement durable Hubbub.


Liberté du choix : La participation au nudge ne doit pas être contraignante, ni imposée : elle ne doit pas être vécue comme une obligation.

Cet escalier-piano créé dans le métro de Stockholm encourage les usagers à prendre les escaliers plutôt que l’escalator. Conçu par Volkswagen.


Quels principes pour construire un nudge ?

Partir d’exemples concrets

Pour concevoir un nudge éducatif, encore faut-il en comprendre les principes de construction ! Les participants ont donc été invités à analyser collectivement plusieurs exemples concrets.


Save paper – save the planet : Sur ces photos, on voit l’Amazonie se vider au fur et à mesure de la distribution de papier sèche-mains.

Les réactions des participants à l’atelier : « une très bonne idée pour les toilettes », « ça m’a fait sourire », «  on sent la démarche de conception », « ça permet de faire réfléchir à la déforestation », « responsabiliser + culpabiliser », « efficace la première fois, au bout d’un moment on ne le voit plus » « culpabilisant ou drôle ? », « pousse à la réflexion », « rend concret la consommation de papier et l’impact sur un continent », « le message est clair ».


Colle ton chewing-gum ici : Ce panneau à chewing-gum et cendrier de poche incite à ne pas jeter ses détritus sur la chaussée.

Les réactions des participants à l’atelier : « c’est drôle », « à la limite de la bienséance », « provocation », « choix de la cible », « liberté de ton (provocation), quel est le bon comportement (changer d’habitude) », « c’est malin », « ça donne envie de jouer », « côté répugnant ».


Mouche dans les toilettes : Ces stickers pour toilettes et urinoirs incitent les usagers à bien viser et à respecter la propreté des lieux.

Les réactions des participants à l’atelier : « mouche ou cible ? », « caractère ludique, la mouche provoque ! », « pas besoin de mode d’emploi, pas d’effort, pas besoin d’expliciter ».


Trois principes de conception

Se sont ainsi dégagés les principes de conception d’un nudge qui doit traduire :

Une incitation : Le nudge provoque une émotion (sourire, dégoût, curiosité) ! Pour autant le nudge ne doit pas devenir une leçon de morale, une injonction, ni une volonté de manipulation…

Un message : Celui-ci doit être facile à comprendre, ne pas demander d’effort mais au contraire avoir un caractère directement intuitif.

Une implication : L’enjeu est de donner envie d’agir et donc d’activer une impulsion motivationnelle !  

Un nudge équilibré répond à ces trois critères : la réflexion est du côté du concepteur, le principe de réception est celui de l’intelligence collective couplée à la connivence émotionnelle.  

Un point de vigilance est toutefois à signaler : il peut y avoir besoin de renouveler ou de faire varier les nudges, et de soutenir l’attention et la motivation en jouant sur leur caractère éphémère.

Six catégories de nudges

Avant de se lancer dans l’exercice de création, les participants ont dû répertorier les exemples proposés en six catégories illustrant l’idée que le nudge doit rendre un comportement plus : normal, évident, automatique, amusant, engageant, moral.


Au travail : vingt minutes pour créer un nudge éducatif !

Une fois saisis la méthode et les principes de conception des nudges, il s’agissait de se lancer dans la création d’un premier nudge en contexte scolaire. Chacun des six sous-groupes avait comme consigne de réaliser un nudge permettant à l’ensemble des participants du séminaire (environ 90 personnes) de s’orienter et de comprendre spontanément les consignes de déplacement pour la séquence de fin de journée qui consistait en une conf’errante (conférence commentée en mouvement dans le lycée La Martinière Duchère).

A l’issue des deux sessions d’atelier, les trente-cinq participants sont repartis globalement enthousiastes : si certains ont au départ manifesté des doutes sur leurs capacités créatives et leurs talents de dessinateurs, la grande majorité se sont pris au jeu et ont été complimentés par les autres participants !

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