Cet article restitue le déroulement d’un atelier réalisé le 14 novembre 2023 dans le cadre du séminaire annuel Terrains d’apprentissage organisé par la cellule académique Bâti et Espaces d’Apprentissage. Il a été animé par Caroline Aiello-Brottet, référente académique Bâti scolaire et responsable de la cellule BEA et par Marie-Odile Perrin-Bertrand.
Son objectif était, au-delà du slogan sur « la classe dehors », d’investiguer plus avant les voies et moyens d’exploiter les opportunités des espaces extérieurs pour diversifier les lieux d’apprentissage à l’heure du changement climatique.
Identifier les enjeux et les impacts à « faire classe dehors » à différentes échelles
L’atelier conduit dans un premier temps les participants à mener une réflexion sur leurs expériences professionnelle et personnelle afin de dégager les impacts multiscalaires de l’enseignement en plein air.
Il leur est demandé de positionner leurs idées sur une cible constituée de cercles concentriques représentants les niveaux élève, enseignant, équipe pédagogique et collectivité.
Une focale sur l’élève et l’enseignant
L’idée de créer un espace moins contraint, voire moins ritualisé pour les élèves, et favorisant le contact avec la nature, émerge comme un point de convergence. Les participants soulignent néanmoins la nécessité de prendre en compte la réalité des contraintes. L’espace extérieur est perçu comme un terrain sensoriel permettant des apprentissages physiques d’une part, ainsi qu’une inversion des postures de l’élève d’autre part, avec des conséquences tout autant positives que négatives.
Du côté des enseignants, le changement de posture est identifié comme un aspect crucial. Il faut cependant noter les défis liés à la responsabilité accrue du fait d’être à l’extérieur et à la gestion des différents temps de travail. Le changement en terme de posture est également lié à la possibilité de se placer en co-intervention au-delà des murs de la salle de classe et à la nécessité d’adapter les techniques pédagogiques.
Une analogie est établie avec les cours d’EPS, mettant en lumière la nécessité de repenser la gestion du temps et de l’espace. En effet, les notions de responsabilité et de surveillance diffèrent, avec la dispersion éventuelle des élèves dans un espace élargi et la perte de contact visuel permanent avec chacun d’eux. Des questionnements émergent également sur la fatigue vocale pouvant être liée au milieu extérieur. Des similitudes avec la flexibilité recherchée en classe sont pointées, mettant en avant la nécessité de penser et d’anticiper, dans l’ingénierie pédagogique, l’organisation de l’espace et du temps.
Les impacts au niveau de l’établissement
L’intégration de l’enseignement en plein air dans un projet d’établissement permet de souligner les cadres et règles qui peuvent différer selon l’espace pédagogique mobilisé. Une coordination réfléchie entre les acteurs et les espaces est une priorité pour que la démarche s’effectue sans créer des tensions dans l’équipe éducative. L’enjeu du développement professionnel individuel et collectif, avec un accent mis sur le décloisonnement et l’interdisciplinarité, émerge également. L’enseignement en plein air peut ainsi potentiellement encourager le partage d’expériences dynamiques. De nombreuses ressources pour aider au lancement de ces initiatives existent et sont évoquées par les participants.
Mise en situation sur un cas pratique : transformer la cour d’un établissement
La deuxième activité de l’atelier, axée sur la transformation d’une cour de récréation bitumée, met en lumière à la fois l’importance de l’engagement des collectivités territoriales, le caractère pluriannuel d’un tel projet ainsi que la nécessité d’accompagner globalement l’équipe pédagogique et la communauté éducative. Le témoignage détaillé sur l’exemple concret de la re-végétalisation de la cour du collège de Montluel met en évidence toute la complexité d’une telle approche. Ce projet a été accompagné dès le démarrage par la cellule BEA, puis complété par un dépôt de projet NEFLE.
Sur la base de ce témoignage, les participants à l’atelier sont invités à se projeter dans cette situation en partant d’une intention pédagogique bien précise, puis d’une posture, et en se rattachant en dernier lieu à un « catalogue » de matériels pédagogiques mobilisables.
Les réflexions mettent en valeur différentes entrées :
- le besoin de l’élève de s’isoler momentanément du collectif pour se reconcentrer ou pour stimuler sa créativité dans un espace propice à l’imagination
- la nécessité de disposer de moyens propices pour faciliter la collaboration entre élèves, que ce soit dans un contexte guidé par l’enseignant ou en autonomie.
La consultation du catalogue de mobiliers et d’aménagements possibles pour enseigner en extérieur se révèle être un outil facilitant l’émergence d’idées et de propositions.
Transformer les expériences éducatives des élèves comme des enseignants
En conclusion, les participants à l’atelier convergent vers l’idée que l’enseignement en plein air offre un potentiel significatif pour transformer les expériences éducatives à plusieurs niveaux. Cependant, la nécessité d’une planification minutieuse, ainsi que de l’adaptabilité et de la collaboration entre enseignants, établissements scolaires et collectivités territoriales est clairement mise en évidence.