Cet article restitue le déroulement d’un atelier réalisé le 14 novembre 2023 dans le cadre du séminaire annuel Terrains d’apprentissage organisé par la cellule académique Bâti et Espaces d’Apprentissage. Il a été animé par William Sandjivy, professeur de mathématiques au collège Ennemond Richard de Saint Chamond et chargé de projet à la DRANE de Lyon et par Stéphane Coche, gérant et directeur d’études chez Initial Consultants, programmiste, urbaniste et AMO.
L’objectif de cet atelier était d’amener les participants à réfléchir aux enjeux d’un travail partenarial renforcé entre les acteurs et les corps de métier impliqués dans l’adaptation au changement climatique. Pour parvenir à cet objectif, une des méthodologies souvent utilisées pour les hackathons organisés par la cellule BEA a été présentée. Il s’agissait ici de faire travailler les participants de manière intercatégorielle en s’appuyant sur un jeu de rôle.
Pour lancer le jeu, chacun des deux groupes constitués doit choisir l’une des trois situations de départ proposées, ainsi qu’un projet à mener comportant des contraintes.
Les membres du groupe choisissent ensuite un personnage, issu d’un corps de métiers différent du leur et les invitant ainsi à sortir de leur rôle et de leurs pratiques professionnelles quotidiennes. Chaque personnage amène, de par son positionnement et sa professionnalité, des leviers et des freins dans le projet.
A travers ce jeu, l’idée est de réfléchir à l’articulation des différents corps de métier au sein d’un projet de transformation des espaces d’apprentissage, et à la définition des rôles de chacun. Il est ainsi proposé aux participants de se demander comment chacun intervient, à quel moment et avec qui il interagit.
Deux projets ont été choisis par les équipes : « Limiter les déplacements des usagers au sein d’un lycée » et « Réaménager une salle au sein d’un collège pour en faire une classe laboratoire d’expérimentation pédagogique« . Chaque groupe a suivi un déroulé chronologique respectant des moments forts :
- Découverte de l’atelier et du matériel à disposition (cartes, feutres, flyer avec QR code)
- Questionnement sur les travaux à mettre en œuvre
- Place centrale de la dimension pédagogique : quelle équipe pour porter un tel projet ?
- Perspectives à venir : objectifs en fonction des différents usagers
- Bilan : impliquer la communauté éducative dans son ensemble.
Projet 1 : Réaménager une salle de collège en classe Lab
Comment les différents acteurs vont-ils se mettre en relation ? Qui impulse le projet au départ ?
Différents scénarios et objectifs ont été imaginés par ce groupe, mais un seul a été développé dans le cadre de l’atelier. Il a ainsi été imaginé que l’équipe d’un établissement scolaire puisse être à l’origine de la demande. L’uipe-projet sollicite la collectivité territoriale pour un retour d’expérience. Un lien avec l’Ecole Académique de la Formation Continue (EAFC) et avec la cellule académique Bâti et Espaces d’Apprentissage est également mis en avant par les participants représentant la collectivité territoriale de rattachement. Dans ce contexte, le chef d’établissement a pour rôle de piloter une équipe-projet qui s’est constituée de façon spontanée.
Ce projet répond à des objectifs différents selon les acteurs. Une classe Lab peut permettre aux enseignants de faire évoluer leurs gestes professionnels, notamment pédagogiques. Elle peut permettre aux élèves de réaliser un travail sur l’acquisition des compétences psychosociales et sur l’autonomie. L’objectif peut aussi être de valoriser l’établissement. Ceci amène à réfléchir à la plus-value que cet aménagement apporte pour l’ensemble de la communauté éducative. Les enjeux du projet sont ainsi étudiés de concert à travers les volets pédagogique et technique.
Réaction et/ou attitude des participants : comment chacun s’intègre-t-il dans le projet?
Les participants listent le rôle de chaque métier dans le projet en s’interrogeant sur les contraintes existantes : contraintes de sécurité, contraintes financières (en particulier qui paie les travaux ?). L’importance de l’accompagnement par la cellule Bâti et Espaces d’Apprentissage pour faire le lien avec des apports scientifiques est soulignée par un participant représentant le métier « collectivités territoriales ».
Des questions sont également travaillées en rapport avec l’ergonomie, la mobilité individuelle dans la salle et la mobilité du matériel. Pour les participants, il n’est pas nécessaire de solliciter un programmiste ou un architecte s’il s’agit « seulement » d’équiper une salle de nouveaux mobiliers. Mais pour autant, ils pourraient être sollicités par la collectivité.
La collectivité a pour logique de s’interroger sur la faisabilité du projet et également sur sa pertinence. Elle peut notamment se demander dans quel mesure ce type d’aménagement est diffusable, reproductible pour d’autres établissements. Elle doit également se questionner sur l’impact de ce type d’aménagement sur le travail de nettoyage et de maintenance des agents. La collectivité est enfin décisionnaire par rapport au budget. Elle décide s’il y a besoin de faire appel à des intervenants extérieurs spécialisés, par exemple dans le cas où l’espace à aménager présente un sol comportement possiblement de l’amiante.
A l’issue des échanges, un consensus se dégage autour de l’importance d’impliquer la communauté scolaire dans son ensemble, et en particulier les parents et les élèves dont la place semble indispensable pour la réussite de ces projets.
Projet 2 : Limiter les déplacements des usagers au sein d’un lycée dans un contexte d’inflation
Dans ce scénario imaginé par les participants, le chef d’établissement est à l’origine du projet pour obtenir une cafétéria car le lycée comporte deux sites d’enseignement géographiquement séparés. Seul un site est équipé d’une demi-pension. Il est nécessaire de mobiliser des bus pour y emmener les élèves de l’autre site. Le chef d’établissement et son équipe adressent une demande à la collectivité territoriale.
En amont de la demande, les enseignants et les élèves travaillent sur un projet de cafétéria proposant une alimentation plus saine. Ce travail se fait sous forme collaborative afin de rechercher des possibilités d’approvisionnement en circuit court. Le fond social est également sollicité pour rendre cette cafétéria accessible à tous.
Le conseil régional, collectivité de tutelle, affine ensuite le projet avec le chef d’établissement. La collectivité sollicite un programmiste et un architecte pour ce projet qui nécessite des travaux de gros oeuvre, mais demande également à ce que ces derniers travaillent avec l’équipe éducative. Ces professionnels reviennent ensuite vers la collectivité pour obtenir la validation du projet d’ensemble, avant qu’un appel d’offres soit lancé pour choisir les entreprises qui réaliseront les travaux.
Dans l’établissement, une équipe dédiée est crée pour le suivi du projet, comportant des élèves et des parents. Cette équipe travaille avec le chef d’établissement, qui reste responsable de tout ce qui se passe. La question de la qualité des relations entre ce dernier, la collectivité territoriale et le maître d’œuvre est soulevée.
Les points forts de la collaboration inter-métiers
Dans les deux scénarios investigués lors de l’atelier, avec deux équipes inter-catégorielles différentes, il est souligné l’importance d’impliquer tous les acteurs de la communauté scolaire (enseignants, personnel de direction, agents, parents, élèves…) et d’animer un lien fort entre la communauté scolaire et la collectivité territoriale. Ce lien est porté par le chef d’établissement qui a un rôle central dans les projets d’évolution des espaces scolaires. La mise en place d’un retour d’expérience pour encourager l’essaimage et la diffusion de nouvelles pratiques est préconisée pour chacun de ces projets.